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J'ai fait ce choix du bleu à la suite de la lecture du livre de Michel Pastoureau : "Bleu, histoire d'une couleur" (Edition du Seuil). Vous trouverez sur le site de l'Express, un entretien de M. Pastoureau au sujet de la couleur bleue. Ce livre que j'ai trouvé passionnant, raconte la couleur bleue du point de vue historique. Cette lecture m'a donné envie de peindre en bleu et comme je venais de faire des dessins de statues gothiques, ![]() j'ai décidé de peindre ces statues gothiques en bleu. Voici la peinture obtenue : Cette peinture m'a donné envie d'approfondir le sujet et j'ai laissé l'idée faire son chemin dans ma tête. Je pensais que ces statues qui m'avaient servit de modèle, provenaient d'un portail de Chartres. Cette cathédrale gothique m'a toujours fasciné. Je suis donc allée voir sur place. A défaut de retrouver ces modèles, cette visite m'a permit de (re)découvrir les sculptures- colonnes de Chartres. J'ai pris des photos sur place : il y avait là, largement de quoi me fournir matière à travailler pendant un bon moment ! (Les statues gothiques qui ont servit de modèle à cette peinture proviennent de la Cathédrale de Reims (portail sud, embrasement de gauche) comme vous pouvez le constater sur le site du Professeur Stephen Murray de l'Université de Columbia, un site qui affiche aussi de très belles photos de la cathédrale de Chartres) Depuis le début de ce travail, au fur et à mesure que des tableaux prennent forme, je me documente sur les personnages, sur la Cathédrale de Chartres. J'ai aussi repris la lecture du livre de M. Pastoureau. Je ne suis pas très à l'aise avec la couleur. Les harmonies colorées que j'ai obtenues à ce jour ne me plaisent pas vraiment à quelques exceptions près. C'est pourquoi, l'idée de peindre avec une seule couleur dominante m'a tout de suite séduite. Commencer par le bleu qui est une couleur que j'aime, me semblait naturel. Aujourd'hui, j'ai vraiment le sentiment d'avoir choisi (sans vraiment y avoir réfléchit !) la bonne couleur : celle qui caractérise à la fois Chartre et une forme de spiritualité. Pour argumenter mes propos, je me contenterai de citer quelques phrases de M. Pastoureau : " Longtemps, le bleu a été mal aimé. ... Et puis, soudain, tout change. Les XIIe et XIIIe siècles vont réhabiliter et promouvoir le bleu… Il n'y a pas à ce moment-là de progrès particulier dans la fabrication des colorants ou des pigments. Ce qui se produit, c'est un changement profond des idées religieuses. Le Dieu des chrétiens devient en effet un dieu de lumière. Et la lumière est... bleue! Pour la première fois en Occident, on peint les ciels en bleu… la Vierge habite le ciel... Dans les images, à partir du XIIe siècle, on la revêt donc d'un manteau ou d'une robe bleu. La Vierge devient le principal agent de promotion du bleu… Vers 1140, quand l'abbé Suger fait reconstruire l'église abbatiale de Saint-Denis, il veut mettre partout des couleurs pour dissiper les ténèbres, et notamment du bleu. On utilisera pour les vitraux un produit fort cher, le cafre (que l'on appellera bien plus tard le bleu de cobalt). De Saint-Denis ce bleu va se diffuser au Mans, puis à Vendôme et à Chartres, où il deviendra le célèbre bleu de Chartres…le bleu, divinisé, s'est répandu non seulement dans les vitraux et les œuvres d'art, mais aussi dans toute la société..." J'ai toutefois rencontré certaines difficultés à faire des portraits en bleu : cette couleur donne facilement un air tourmenté aux personnages. Picasso ne s'y était pas trompé dans sa période bleue. Or, je préfèrerai que mes personnages révèlent des émotions sereines et positives. J'éprouve une grande admiration pour ces statues et je fais très attention à ne jamais manquer de respect vis à vis de ces œuvres que je copie et que je réinterprète. Je travaille généralement chaque statue séparément en plusieurs dessins. Puis je les accroche au mur et je les positionne ensemble quand je " sens " qu'elles ont quelque chose à se dire. D'une certaine façon, j'aime assez l'apparence " figée " de ces statues et leur verticalité. Je peux les imaginer en mouvement et en lumière. Ce travail est aussi un bon prétexte à l'étude du portrait. Quand un trio se forme, je passe à la peinture. Il m'arrive de changer des positions de mains, d'intervertir tête et vêtement… Je ne recherche pas l'exactitude quand je copie ces statues. Au contraire. Je veux leur inventer une autre vie. Anne Bironneau |